Cette interview a été faite dans le cadre de la rubrique « ces petites phrases qui… » initialement publiée sur RégionsJob du temps où mon pseudo était « BJC » pour Blog Job and Comm’. Une fois de plus prise au piège des apartés sur canapé. Mais comme la communication est faite de petites phrases, je me prête de nouveau au jeu…

– Nat ? 
– Hum… 
– Tu fais quoi là ? 
– Je surfe… 
– T’as pas deux minutes par hasard ? 
– Pour ? 
– Pour phraser avec moi… 
– ???

Boy Job & Comm : Quelles petites phrases faut-il te dire pour te séduire ?

Pour qu’un homme me séduise, il faut qu’il me dise que je suis la plus belle, la plus intelligente, la plus……. Quoi ? … Mais dis-toi bien que toutes les femmes rêvent qu’on leur dise cela !!  Après, il y a la façon de le dire et la façon de l’entendre… Plus sérieusement, ce sont surtout la douceur et l’élégance des mots (de tous les mots) qui sont essentielles pour moi.

Et si cet homme est un employeur potentiel, il me séduirait avec trois mots « liberté, autonomie, confiance » en me promettant un (très) gros chèque à la fin du mois 😉

BJC : Et toi ? Que dis-tu pour séduire ?

Souvent l’alchimie se crée autour du son de ma voix… Il paraît que je fais passer beaucoup de choses dans mes intonations… Il arrive qu’on me prenne pour la voix d’annonce d’une messagerie vocale quand je décroche le téléphone (là, je ne suis pas sûre que cela soit flatteur…). Dans la vie de tous les jours, ma première des séductions est de dire « bonjour » et de garder le sourire même si j’ai des soucis par ailleurs.

La séduction est importante aussi dans mon métier… Séduire un client avec de petites attentions comme se souvenir qu’il va bientôt être papa (ou maman) et prendre des nouvelles régulièrement. Séduire un fournisseur pour négocier un prix ou séduire en conférence pour garder l’attention de l’auditoire. Et pour cela il faut une dose d’humour, une autre de (fausse) décontraction et beaucoup de féminité.

BJC : Quelles petites phrases insufflent en toi joie et bonheur ?

« je t’aime » que ce soit dit par un homme, un enfant, un parent, un(e) ami(e)… moi je fonds. Ou « Maman, tu viens faire un câlin ? » … là je cours !

BJC : Et celles qui te mettent mal à l’aise ?

Les « je sais »… Tous ces gens, jeunes ou vieux, qui croient savoir tout sur tout. Vous commencez une explication, ils savent. Vous racontez une histoire, ils savent. Ils vous posent une question et avant même que vous répondiez, ils savent… En général, ce sont les mêmes qui disent « moi je » « moi aussi » ou « et pourquoi tu ne fais pas comme ça » … ceux qui ont tout vu, tout entendu, tout lu…

Et puis il y a cette phrase de mon fils  « est-ce que tu crois qu’une maman qui aime son enfant lui fait ça ? » (« ça » étant le priver de DS !!) Allez lui expliquer que je l’aime et que je le punis pour cela aussi… « Je t’aime moi non plus »… me répond-il.

BJC : Quelles petites phrases te font fuir ?

Tous les ordres ! Je n’aurais jamais pu faire carrière dans l’armée 😉 Depuis toute petite, dès qu’une phrase commence par « il faut que » ou « faites ceci » ou encore « je veux que » je me braque (à me valoir des heures de piquet et un Conseil de discipline !). Si je connais bien la personne, je lui réponds « oui, chef ! » et cela recadre bien les choses, sinon je reformule poliment la phrase avec formes et emphase. Ça doit être à force d’avoir entendu mes parents me dire durant toute ma jeunesse « y’a que le roi qui veut ! ».

Et puis il y a ça aussi : « On peut vous aider ? » auquel je réponds systématiquement  »bonjour » et qui me vaut en retour « bonjour excusez moi, je peux vous aider ? on a reçu de beaux canapés la semaine dernière, c’est la nouvelle collection….. » « non merci je regarde » « n’hésitez pas, tenez, je vous laisse un catalogue, vous avez vu à l’entrée nos promotions ? » « non merci je regarde » grrr
ou ça :
« Oh ! Qu’elle vous va bien !!! Non franchement, elle ne vous grossit pas !! Non non je vous assure… Moi aussi je porte ce modèle mais pourquoi vous n’essayez pas une taille en dessous ? Et cette couleur !!! Vous avez bien fait, ça relève le noir de vos yeux. Comment ça, ça vous serre sous les bras ? Faîtes voir ? Non… je peux passer un doigt, regardez… Vous vous y ferez, c’est de la maille ça va s’élargir… »

BJC : Y-a-t-il une phrase qui te met en colère ?

Toute les phrases manipulatrices, les mensonges, les hypocrisies. J’ai un don, un 6ème sens, pour les déceler à mille lieues !

BJC : Et toi ? Quand tu es en colère que dis-tu ?

Mon père disait un truc bizarre quand il était excédé « bascagate a la minia » (écrit phonétiquement). Ce que ça veut dire ? J’ai toujours cru que c’était du basque mais mon père a toujours laissé planer le mystère… Je me souviens encore de l’effet que cela avait sur moi lorsque j’étais enfant, je savais alors que j’avais atteint les bornes des limites. Alors, j’en use et abuse et tu sais quoi ? Quand je vois l’air dubitatif de mon interlocuteur, petit ou grand, je souris (comme mon père souriait), je ris même parfois (comme lui aussi) et cela désamorce chaque fois ma colère… C’était finalement peut être ça le but ?

BJC : Quel est le mot que tu répètes le plus souvent ?

Depuis que je suis à Marseille, je suis toute tiquée de mots !! « Oh Fan ! » « Mama Mia ! » « Hé Bé ! » « Ma foi ! » mais parfois un « Ouais ! » à la Parigote resurgit de très loin. Quoi mon accent ? Ouais, ici, ils me disent tout le temps que je jure avec l’accent de Paris et à Paris on me dit que j’ai l’accent du Midi ! Sinon, il n’y a guère que « mon petit cœur » que je dois dire plus souvent que « putain » !

BJC : Et celui que tu hais ?

Il y en a plein ! Je déteste par dessus tout « meuf » surtout quand c’est dit par une femme… Il y a aussi « Mort » … et en association «Adieu». Mon grand-père était Toulousain. Quand il venait nous voir, je me débrouillais toujours, à son départ, pour ne pas lui dire au revoir, parce que j’horrifiais de l’entendre dire « adieu » au lieu « d’au revoir »… Étrange sensation pour une non moins étrange tradition linguistique…

Au delà de des mots, il y a une chose que je déteste par-dessus tout, c’est le « silence des mots » ou l’absence de mots si tu préfères. Je n’aime pas quand quelqu’un se tait…pour longtemps ou pour toujours… Vous parlez, vous confiez, vous racontez, vous écrivez… Vous attendez de l’Autre un échange, un mot, une confidence, une histoire (…) et soudain… le silence.

Au même titre que l’interprétation des mots, l’interprétation de l’absence de mots est unique et personnelle. L’Autre est peut être fâché, mal à l’aise, indifférent, occupé, égoïste, mal, bâillonné ou aphone tout simplement (…) et pourtant ce silence crée en vous des idées sur toutes ces choses qui ne sont pas dites, des sentiments d’abandon, de trahison, de malaise, d’inquiétude… J’ai beau me répéter Euripide « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence » je ne m’y fais pas. En fait, je m’inquiète… énormément…

Et puis, tu sais, il y a bien trop de femmes silencieuses dans bien des pays, il y a bien des silences à briser pour dire bien des vérités. Si je connais Frédéric Dard ? Oui bien sur, il disait que « parler est le plus moche moyen de s’exprimer, l’homme ne s’exprime pleinement que dans le silence ? » Pas d’accord…

BJC : Celui que tu aimes le plus ?

« vie »… ou « cœur »… ou « amour »… difficile de me décider, comment imaginer l’un sans les deux autres ?

BJC : Si tu devais oublier tous les mots que tu connais sauf un, ce serait lequel ?

« Vivre »… ou « étoile »… non finalement « abracadabra » et hop ! Tu te souviens de tous les autres. Arrête de rire, finalement à quoi sert de se souvenir de vivre si tu ne te souviens pas de la vie ?

BJC : Lorsque je te dis « emploi » quels sont les trois mots qui te viennent à l’esprit ?

Action – Épanouissement – Liberté

BJC : Si tu devais inventer une citation, cela serait ?

J’ai entendu, il n’y a pas longtemps, deux citations que j’aurais aimé inventer : « la vie, ce n’est pas seulement respirer, c’est avoir le souffle coupé » et « la vie ne s’arrête pas à regarder les autres la consumer » Will Smith dans Hitch.

Pour ma part, j’ai un adage professionnel très simple et logique : « sans communication, le client vous oublie, avec une mauvaise communication, il vous fuit…» et si je devais inventer une citation cela serait « Si vous rêvez d’une vie idéale, c’est un rêve, pas une vie, mais en vous réveillant cela peut devenir un idéal » ou « quant à dire la vérité que ce soit vrai »

BJC : Es-tu « être » ou « avoir » ?

Pourquoi jusqu’ici aucun des interviewés n’a dit « avoir » ? Politiquement incorrect. Tu crois ? Il existe 82 synonymes de cet auxiliaire dont ressentir, recevoir, éprouver, bénéficier, s’accomplir, jouir, aimer, être doté de, désirer, connaître, engendrer, ressource, produire… Ce sont de belles notions non ? Et puis, c’est important d’avoir… avoir de quoi être… HAVE a good day !

BJC : Enfin si tu étais une ponctuation ?

Les trois points de suspension… silencieux. Le point d’interrogation ? Suspect. La virgule a de la suite dans les idées et des idées dans la suite, quant au point, il est trop catégorique. Choix difficile. Alors, je serais le point d’exclamation !!! Parce qu’il est positif, joyeux, chantant, expressif !!! Parce que c’est celui qui me semble le plus vivant ! Mais à côté de ça j’utilise … à tout bout de champ… On appelle ça l’aposiopèse !