Parler de la communication au sein de l’école primaire… ou comment me fâcher avec tous les enseignants (et les fonctionnaires) 🙂 C’est un risque sans cache que j’ai pris et les quelques lignes que vous lirez à ce sujet sur ce blog m’ont tout droit conduite au poste de police avec pas moins de 7 plaintes…
Première année de maternelle (ou communément « chez les petits »)
La communication tourne essentiellement autour de la sucette (appelée aussi sussu ou tutute) : il a perdu sa sussu, il fait que pleurer. Pour les adeptes du doudou (là, le nom commun est bien arrêté) remplacez sussu par doudou. Quand il n’y a ni sussu, ni doudou, on peut espérer un peu de communication sur d’autres sujets : il a mordu son voisin aujourd’hui ! Elle a le nez qui coule (…) Et à part ça ? …
Deuxième année de maternelle (ou communément « chez les moyens »)
On ne parle plus que sieste (appelé aussi dodo) : la p’tite ne veut plus aller au dodo ! il ne veut pas dormir et il embête tous ses camarades (…) Normal, nous, parents, nous leur disons qu’ils vont à l’école pour travailler ! Et ? à part ça ? …
Troisième année de maternelle, la sussu revient en force
Il serait temps qu’elle abandonne sa sussu maintenant ! Attention ! vous êtes sûrs ? Gros risque de perdre la paix ambiante sur fond sonore de succion ! Et, comme là on est chez les grands, toute la communication est orientée vers la classe suivante, le CP : vous savez au CP, ils ont plus droit au doudou ! bientôt le CP, n’oubliez pas de les inscrire ! (…) à croire qu’elles (ils) ont hâte de passer le relais…
Ne soyons pas mauvaise langue, les enseignants de maternelle ont aussi un langage commun et bien rodé (appelé aussi lobbyiste) : faudrait penser à faire un bilan orthophoniste. Vous avez pensé à lui faire consulter un psychothérapeute ? (…) Du coup, appelez les orthophonistes de votre quartier pour un RDV et vous aurez chaque fois la même réponse : planning complet ! Un métier bientôt coté en bourse !!
Voilà pour la communication verbale, mais les écoles maternelles ont aussi une communication visuelle, en commençant par les codes couleur : en rose, les « tatas » ; en blanc, les « cantinières » ; en « tachées de peinture », les maîtresses. Les bâtiments n’y échappent pas non plus : les salles jaunes c’est chez les petits ; les salles oranges c’est chez les moyens ; les vertes c’est chez les grands et le bleu c’est pour les couloirs, enfin le bleu qu’il reste entre les dessins de nos chérubins.
Et il y a aussi l’affichage, qui lui se résume à un mot… beurk… poux ! Les poux sont arrivés ! Attention ! les poux ont attaqué la classe ! Pensez à traiter vos enfants contre les poux ! (…)
La communication d’une école primaire, elle, est primaire
Plus présente, encore plus orientée, la communication de l’école primaire passe essentiellement par deux supports : l’affichage et le cahier de correspondance.
Dehors, dans le tableau vitré, les informations importantes : Mr le Directeur ne reçoit les parents QUE le mardi de 9 à 10 et le jeudi de 13 à 14 (facile pour nous…). Perso j’aurais aimé Chers parents, j’aurais plaisir à vous recevoir tous les mardis de 9 à 10h et jeudis de 13 à 14h sans rendez vous. Mais bien sûr il est toujours possible de me rencontrer sur rendez vous à d’autres moments. Le Directeur, Mr Aimable Disponible.
Il y a aussi les messages de l’Entreprise « Nourriture en Vrac » : aujourd’hui changement de menu : les roulés de dinde sont remplacés par des cordons bleus (avec les mêmes dindes ?) Important les changements de menus… et puis les informations des parents d’élèves (là rien à dire). J’oubliais ce gros panneau aux couleurs de la mairie qui nous rappelle que la mairie investit notre argent dans la réfection de notre école.
Et puis il y a un panneau pour les grosses urgences : GREVES le mardi 7 octobre (déjà !!!) pas de cantine, pas de repas froids, pas de garderie (mais quand même des enseignants cette fois ci…) moi j’aurais préféré : en raison d’un mouvement de grève national, pour défendre…., nous vous informons….
Celui-là il est écrit en rouge pour bien attirer l’attention. Faut bien ça, vu que l’affiche est généralement mise la veille au soir (et le matin même on scotche le préavis et les numéros à contacter pour le service minimum… ça manque encore un peu d’organisation…) Ce panneau-là, c’est un peu comme les radars… on a envie de le caillasser.
Tentative de communication verbale :
– Vous faites grève pour quelle raison ?
– … hummm… ché pas, on fait grève comme tout le monde
Prenons maintenant le cahier de correspondance : première information distribuée… avant même le nom de l’enseignant… le calendrier des vacances scolaires !! (ah… réputation, quand tu nous tiens !!) suivi de très près par l’annonce de la grève du 7 octobre (et c’est parti !! vous croyez qu’ils auront assez d’un cahier de 92 pages ???)
La communication du primaire passe aussi par une réunion d’information en début d’année. Une heure et demie à entendre parler de programme scolaire et de nos enfants monstres… Oui parce que cela fait à peine une semaine que vos chérubins ont repris leurs cartables que déjà : du jamais vu ! une classe indisciplinée comme jamais ! de mémoire de maîtresse elle n’a jamais vu cela ! (…) Alors on n’a pas la même mémoire… Que disiez-vous l’année dernière ? La même chose ! Et l’année d’avant ? Encore et toujours des monstres ! Et il y a 37 ans la mienne disait déjà ça, et celles d’y il a 36 et 35 ans… Une heure et demie à entendre un discours négatif sur nos enfants, qui sont tous des menteurs, des voleurs, des violents, des bavards… ils ont tous des lacunes… mais qu’avons-nous fait ?!?
Et puis cette année, une nouveauté : le soutien scolaire et la fin de l’école le samedi… vaste sujet… Elle, elle n’aurait pas fait comme ça… Lui, il nous précise bien que ce ne sont pas les enseignants qui ont demandé l’annulation de l’école le samedi mais les parents d’élèves. Et de nous le répéter 3 fois pour bien se déculpabiliser… Elle, elle insiste bien sur le fait qu’elle a moins le temps pour faire le programme… (je tente… on pourrait supprimer des heures de grèves ?). Lui nous précise qu’en plus le programme a été alourdi… et elle de surenchérir avec l’éducation civique. Vous vous rendez compte ? ils doivent faire de l’éducation civique… Souvenez vous ma p’tite dame, nous avions tous de l’éducation civique de notre temps, non ? Et nous voilà partis dans une suite de mots désagréables : inspection académique, gouvernement, ministre… Et là je dis STOP ! pas de communication politique au sein d’une école, pas de prise de position et j’ose espérer que cette communication là elle restera entre adultes…
Conclusion ? De la communication primaire, négative et axée, vous l’aurez compris, sur les revendications, les vacances et les grèves… (et les orthophonistes) avec une parenthèse pour l’indiscipline de nos graines de monstres.
Pas sympa ? ben non… mais c’est l’image qu’elle donne, l’image que j’ai, que nombre de nous évoque à la sortie de l’école, et je précise que notre école fait partie des privilégiées…
Ce que j’aurais aimé ? Avoir un discours positif d’une maîtresse investie qui mettra tout en œuvre pour que ses élèves comblent leur retard, qui a à cœur de leur apprendre le respect et les droits et devoirs civiques, qui reconnaisse que c’est dur pour un enfant de 6 ou 7 ans de rester 6 heures statiques sur une chaise qui plus est après 2 mois de vacances, mais que cela ira mieux dans quelques semaines… est-ce si difficile de positiver ?
Et je ne vais pas vous rassurer… Ce billet a été écrit en 2009, deux ans ont passé et la communication est pire aujourd’hui… Une communication à hérisser le poil. En attendant, j’ai demandé un entretien avec la Directrice et elle me retourne une CONVOCATION pour demain matin 🙁 je sens que cela va alimenter mon moulin….