Quand tu te lances à la recherche de ta prochaine mission freelance, tu arpentes les allées de l’emploi classique et les plateformes dédiées aux indépendants pour essayer d’y dénicher ton prochain client ou le job de tes rêves. J’avais oublié ce qu’était une offre d’emploi

Histoires d’offres d’emploi

Premier constat, s’il y a beaucoup de chômeurs, il y a aussi beaucoup d’annonces… en vrac (les chômeurs aussi sont en vrac, mais c’est un autre sujet). Un filtrage s’impose pour gagner du temps : direction la catégorie « communication« .

Là, tu retrouves pêle-mêle des postes de câbleur de fibre optique (parce que certains confondent encore télécommunication et communication, les mêmes sans doute qui confondent commercial et chargé de comm’), de scientist bioinformatics (pour faire parler l’ADN ?), de maçon coffreur, d’agent d’entretien ou encore de préparateur automobile (…) et même un poste de gériatre !

Tu précises alors encore un peu plus ta recherche avec le critère « rédaction web ». Pas mieux… Te voilà perdue au milieu des  postes de rédacteurs de sinistres (et pas de sinistres rédacteurs), de rédacteurs contentieux ou de succession (décidément, c’est pas gai le métier de rédacteur).

Il y a aussi les annonceurs qui n’ont aucun sens de l’orientation, avec des offres alléchantes, publiées dans la bonne rubrique, mais qui mènent à une impasse à cause d’une défaillance de GPS (non La Rochelle, Toulouse, Paris ou la Bulgarie ne sont pas dans le Rhône !).

OK, ils sont donc incapables de classer une annonce dans la bonne catégorie, voyons comment ils rédigent…

Lire une offre d’emploi écrite en majuscule, c’est comme entendre l’annonceur hurler « Oyé Oyé ! » à l’autre bout de l’open-space. On cherche la fenêtre pour la fermer… Quant aux propositions de café et le baby-foot, au début c’était drôle, aujourd’hui tout le monde le fait, alors préférez le télétravail, les horaires libres et responsables parce que l’inspiration ne vient pas forcément à 8h pile.

Est-il utile de préciser qu’une offre d’emploi n’est pas un terrain de SEO ?  Ils sont nombreux à y voir l’occasion de parfaire leur référencement. Dix lignes et une énumération aberrante (prenez votre respiration) : display, social, SEO, SEA, mobile, affiliation, benchmark, études sectorielles, RTB, inbound, consulting data, data mining, pur player, optimisation de la conversion, data visualisation, conseil DMP, native adverising, leads, (respirez) iprospect, réseau de search, activation au monde par RECMA, owned, earned et paid, guidelines, social media playbook, integrated content planning et comités éditoriaux, business units…  juste entrecoupées de pronoms, d’adjectifs ou de verbes pour que ça se tienne un peu debout.

Quand on recherche un emploi ou une mission, on aime bien savoir qui est l’entreprise à l’autre bout du contrat. L’entreprise finale, entendons-nous bien, pas le recruteur. Alors inutile de nous présenter en long, en large et en travers les mérites de l’agence d’intérim et les résultats du groupe, présentez-nous la boite, votre client, celui qui deviendra notre client ou notre employeur !

Et puis, viennent les sujets qui fâchent. Comme ces petites phrases assassines qui font grincer des dents les plus de 25 ans :

«Jeune équipe dynamique et prometteuse (moyenne d’âge 25 ans)
cherche sa chargée de comm’ »

« Il s’agit d’un remplacement au sein d’une équipe jeune et soudée»

Autant dire que tu peux postuler si tu es jeune, dynamique et prometteur-se, si ton âge ne fait pas baisser la moyenne des autres, et si tu ne crains pas de ne jamais réussir à t’intégrer dans cette équipe soudée (et sans doute très désagréable). Et là, même en donnant mon âge en hors taxe, ça ne passera pas

Et ne parlons pas du stagiaire… Ce spécimen qui est là pour apprendre, qui devrait avoir la place d’un(e) assistant(e) tout au plus et surtout pas celle d’un Dir de Comm’, d’un Directeur Artistique pour 500 euros, nourri, blanchi.

Le monde de l’emploi a bien changé. Il a rajeuni.