Il y a quinze ans déjà, j’ai adopté le pays de Pagnol après trente années de grisaille parisienne… Trente années de costumes trois pièces et cravates grises, d’attachés case et d’imperméables gris, de couloirs de métro et de pots d’échappement gris aussi (…) Et un matin j’ai dit STOP ! J’ai démissionné et je suis venue ici, à Marseille, au soleil. Et là, l’impression de me réveiller…
Le pays de Pagnol, ses couleurs, ses odeurs, ses accents
Aux couleurs d’abord, du jaune, du orange, du turquoise des rues et des bâtiments ; des vêtements chamarrés et gais, reflétant le soleil et la bonne humeur. Aux senteurs ensuite d’aïoli, de lavande, d’olive, de fougasses, de poissons, de pizzas. Celles d’une Provence gourmande qui ne me feront toutefois jamais oublier le bon pain et les croissants parisiens. De ces odeurs où l’entrecôte frittes cède sa place au filet de rouget et poivrons grillés. Aux sonorités enfin, de l’accent chantant et pagnolesque, des cigales (les cigales n’ont pas d’accent hein !), des mouettes (elles n’ont plus) et malheureusement celui des canadairs en été…
Quand je suis arrivée chez Pagnol, ma chance a été de pouvoir m’installer dans un appartement en bordure de colline avec une vue imprenable sur les quartiers sud de Marseille, le Stade Vélodrome et la mer. Une situation introuvable sur Paris, être au cœur de Marseille, mi ville mi campagne. Se lever le matin au chant des oiseaux, des cigales, avec 364 jours de soleil par an (par solidarité je laisse un jour de soleil à Paris) ça donne de la bonne humeur pour la journée.
Découvrir Marseille pour une Parisienne c’est aussi aller au-delà des clichés, des clivages, des railleries footballistiques (ça tombe bien moi c’est la F1 !), des moqueries sur mon accent (même si au bout de 15 ans on m’en parle encore !)… Découvrir une ville où l’intégration est visible de quartier en quartier, où la passion est chaude, les soirs de foot justement, mais aussi dans les débats politiques ou lors des manifestations.
L’impression d’être en vacances toute l’année alors que d’autres économisent onze mois durant pour quelques semaines chèrement acquises après des kilomètres de bouchons… Un autre rythme de vie vite adopté croyez moi ! Prendre le temps de se promener au bord de la mer même en hiver, découvrir les pinèdes sauvages, l’arrière pays, les calanques … et la montagne à peine à 2h. Marcher sur les pas de Pagnol jusqu’à La Treille…
A cela s’ajoute les atouts culturels : Le Dome, Le Stade Vélodrome qui accueillent des montres de la musiques, les théâtres, l’opéra et un historique à la Pagnol que l’on retrouve partout, dans les cafés du Vieux Port, sur les chemins d’Aubagne, dans les personnages typiques…
Côté cadre de vie donc, rien à regretter, même si je reste une amoureuse de la Défense (et oui !), des quais de Seine, de St Germain, de Montmartre, du parc Montsouris …
Un jour, un vieux marseillais qui me voyait courir pour lui rendre un document dans les temps me dit « hé bé petite ! tu sais dans le midi on a une devise ? tout doucement le matin, pas trop vite l’après midi ! alors ne cours plus ! » et il ajoutait « ouh ! ils sont fatigants ces parisiens ! »
Voilà, heureuse d’être à ici depuis maintenant 15 ans, à Massilia qui ne mérite pas toujours sa réputation… Je pense souvent que Paris est pour moi comme mon nom de jeune fille et Marseille mon nom de femme mariée, besoin des deux pour exister…